les surprises du chantier...
Restaurons Saint-Louis de Vincennes Newsletter n°1
Les surprises du chantier...

Chers amis donateurs !

Voilà notre première newsletter qui - nous l'espérons - vous permettra de vivre avec nous l'aventure de la restauration intérieure de l'église Saint-Louis de Vincennes.

Pour ce premier numéro, après quelques actualités du chantier, nous vous contons comment une visite de chantier se déroule et les découvertes que l'équipe chargée de la restauration des fresques du bas-côté Sud a révélées. Ensuite, Paul Guillaumat, historien de l'église et collaborateur de la maitrise d'ouvrage des travaux en profite pour commenter la Béatitude "Heureux les cœurs purs..."

Le bas-côté Sud est désormais débarrassé de son échafaudage et toute la partie droite de l’église se découvre magnifiquement restaurée. C'est grâce à vos dons que cela est possible avec le concours de l’État et la DRAC, la Région Ile-de-France, le département du Val-de-Marne, les villes de Vincennes et Saint-Mandé, les Chantiers du Cardinal, la Fondation du Patrimoine, la paroisse de Saint-Louis de Vincennes et de généreux mécènes qui soutiennent le Diocèse de Créteil, propriétaire et maître d'ouvrage. Soyez-en tous remerciés !

NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !

N'hésitez donc pas à partager cette newsletter autour de vous car la souscription pour aider à la restauration de l'église est toujours ouverte, que ce soit via le site https://www.sldv.fr/ pour mécéner des œuvres ou directement sur le site de la Fondation du Patrimoine (https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/eglise-saint-louis-de-vincennes). 

 

Bonne lecture !

Axel de Chavagnac

Chef de projet Mécénat

mecenat@sldv.fr

PS : si vous ne connaissez pas l'église, une courte vidéo de 1,4mn est disponible sur YouTube

 

Le chantier de restauration

La première phase de la restauration des décors intérieurs de l'église (bas-côté Sud) est terminée et les échafaudages ont été enlevés, ce qui permet de redécouvrir les décors restaurés - et de les comparer avec ce qui reste à faire côté Nord.  Un moment unique où l'œil peut embrasser l'AVANT et l'APRÈS restauration. Les badigeons (crépis), les frises, et les décors historiés - deux Béatitudes de Maurice Denis, et les stations VIII à XIV du chemin de croix de Marret  -  ont retrouvé leur éclat, leurs couleurs, et révèlent des détails insoupçonnés.

Ceux d'entre vous qui ont pu suivre et visiter le chantier de restauration avec l'équipe de Marie Bégué ont pu constater l'avancement des travaux, les surprises - bonnes ou moins bonnes - de ce chantier, et l'enthousiasme avec lequel ont œuvré les restauratrices (en majorité malgré quelques hommes) de l'équipe de Marie.

Ces visites seront de nouveau organisées lors de la Phase 2 qui débutera dès septembre prochain au bas-côté Nord

Moins visibles peut-être, mais nécessaires, les restaurations ont également porté sur les sols (traitement des fissures), la mise en place des réseaux électriques, les menuiseries (en particulier les portes) et les ouvrages métalliques (notamment les grilles d'aération).

Un sas vitré qui était en gestation depuis une quinzaine d'année vient également d'être installé au portail Ouest de l'église, et permet au passant qui déambule rue Faÿs de découvrir l'intérieur de Saint- Louis.

Si les financements de cette phase - et également de la phase 2 (bas-côtés Nord) qui va suivre - ont été obtenus, avec un soutien constant de la DRAC Ile-de-France et d'autres institutions, une bonne partie des lourds investissements reste à la charge du Diocèse de Créteil, propriétaire de l'église car construite après 1905.

Ensuite, une phase 3 sera consacrée à la nef centrale, à la coupole et au chœur de l'église, avec l'installation d'un nouveau système d'éclairage inspiré de la réalisation initiale de Droz et Marrast. L'utilisation de moyens plus modernes d'éclairage (les LED) permettra de varier suivant les besoins l'éclairage, en mode "cultuel" (célébration des offices) ou "culturel" (mise en valeur des éléments du décor). Le début de cette phase 3 dépendra des financements obtenus, très loin d'être encore sécurisés. Il manque encore près d'1 million d'Euros et nous poursuivons avec ténacité des pistes de mécénat.

 

Merci de noter aussi quelques dates importantes

Samedi 15 juin, - cette semaine, donc – Paul Guillaumat présentera à la Société des Amis de Vincennes un exposé sur "Une centenaire retrouve ses charmes d'antan". 

Vous avez compris qu'il s'agit de Saint-Louis de Vincennes. Cette conférence se tiendra à la Maison des Associations de Vincennes à 14h30 et vous êtes tous bienvenus à y assister.

 

Lors des Journées du Patrimoine – week-end des 21 et 22 septembre - deux visites de l'église seront organisées.

 

Le week-end des 16 et 17 novembre sera célébré le centenaire de la consécration de l'église et de la création de la paroisse Saint-Louis de Vincennes. 

Événement important, que l'on ne rencontre pas deux fois dans sa vie...

Différentes activités sont prévues, dont, le samedi 16 à 15h un Colloque sur la construction et la restauration de l'église, et le même soir, un concert du Chœur Saint-Louis.

Paul Guillaumat

Une visite de chantier à Saint-Louis de Vincennes

 

Il existe un vrai plaisir à voir des travaux de restauration avancer. Plusieurs visites de chantier ont ainsi été organisées depuis le début de l’année à Saint-Louis de Vincennes pour observer in situ la restauration des fresques du bas-côté Sud. Que ce soit pour les donateurs, les descendants des artistes ayant œuvré pour sa construction ou des futurs mécènes ou encore des élus des villes de Vincennes, Saint-Mandé ou du département du Val-de-Marne. Chaque visite in situ a vu naître de vrais contacts avec les restauratrices tout en faisant saisir le défi que représente cette restauration d’ampleur.

 

Désormais bien rodées, ces visites se déroulent sous la conduite de Marie Bégué, la cheffe d’équipe du groupe d’une dizaine de restaurateurs (15 filles et 2 garçons) et de Nina Baillot, architecte chargée de projet de l'agence P.A. Gatier ACMH, ainsi que de Christian Brice, Paul Guillaumat et Axel de Chavagnac. Ils accueillent les visiteurs en présentant rapidement l’église, son histoire et l’aventure de sa restauration avec quelques ordres de grandeurs.

 

Le nombre idéal de visiteurs est d’environ 25 personnes. Les conditions de sécurité pour la déambulation ne permettent pas en effet d’être plus de 9 visiteurs dans les échafaudages. Ainsi pendant qu’un groupe est pris en charge par les restaurateurs pour  20  à 30 minutes, les deux autres se voient expliquer par roulement, soit les œuvres à l’intérieur du monument, soit les extérieurs.

La restauratrice Ariane Palla devant une station du Chemin de Croix d'Henri Marret

Lors d'une visite de chantier, la restauratrice Ariane Palla devant une station du Chemin de Croix d’Henri Marret

 

Tous les visiteurs sont unanimes : être directement confronté aux œuvres et aux gestes des restaurateurs est une expérience inoubliable ! Il faut se rendre compte que le chantier derestauration permet de poser ses yeux à la hauteur d’œuvres inaccessibles depuis leur réalisation…il y  a presque 100 ans ! Avec la lumière rasante des projecteurs de chantier, beaucoup de détails apparaissent. On se rend compte ainsi que la couleur ocre des murs n’est pas peinte mais réalisée à fresque, faisant véritablement corps avec l’enduit du mur. On aperçoit alors les bordures horizontales des giornate avec les très légères différences de tonalité d’ocre de cet enduit. Ces différences de ton clairement visible à quelques mètres du mur sont paradoxalement pratiquement invisibles du sol. Autour des œuvres des Béatitudes de Maurice Denis, comme en bordure des grands panneaux du Chemin de Croix d’Henri Marret,  les incisions de l’enduit détourant les œuvres apparaissent aussi.

 

Quelques découvertes et surprises…

Une des premières surprises des restaurateurs a été de voir qu’outre la totalité des murs étaient peints à la fresque, comme les frises elles-mêmes. La phase de nettoyage de la restauration a aussi montré le relatif bon état d’une très grande partie du décor peint à fresque.

Les restaurateurs Violaine Garcia et Socol Muça au travail : décrassage par compresse, puis au pinceau et rinçage / absorption à l’éponge naturelle

Les restaurateurs Violaine Garcia et Socol Muça au travail : décrassage par compresse, puis au pinceau et rinçage / absorption à l’éponge naturelle

L’exception notable portait sur les panneaux du Chemin de croix aux angles Est et Ouest qui ont souffert de l’humidité et de remontées salines. Point plus problématique, on a découvert que les frises recélaient de nombreux incuits qui se présentent sous la forme de boursouflures fragiles de quelques millimètres, voire centimètre de diamètre à la surface de l’enduit. Ces déformations proviennent de la chaux mal hydratée. Laissées telles quelles, ces zones de grande fragilité peuvent se désagréger et laisser visible le blanc de l’enduit primitif. Le protocole de restauration à visé à consolider chaque incuit à les mastiquer et à les réintégrer à la couleur de l'original.

Marie Bégué montrant les incuits sur une frise peinte à fresque

Marie Bégué montrant les incuits sur une frise peinte à fresque

Par ailleurs, l’une des surprises les plus étonnantes a été de comprendre la manière dont Maurice Denis a peint sa Béatitude « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». L’image représente un ange les bras croisés, le visage illuminé par des rayons de lumière blanche sortant d’un nuage.

"Bienheureux les cœurs purs..." par Maurice Denis

Visage de l’ange de la Béatitude, « Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »

Cette fresque ne nécessitait pas de grosses restaurations, si ce n’est un dépoussiérage et un nettoyage par compresses. Si toute la composition est peinte à fresque, Maurice Denis est revenu à sec sur cette Béatitude en repeignant des rehauts blancs pour souligner l’illumination de l’ange et ses rayons. Il a ainsi appliqué à sec des touches de blanc sur son visage, ses avant-bras et les rayons du nuage. En raison de cette reprise, le nettoyage a du être particulièrement doux pour ne pas enlever cette application, geste du peintre et composante d’origine de l’œuvre.

Ariane Palla devant la fresque de Maurice Denis

Ariane Palla montrant les rehauts de couleur blanche sur le visage de l’ange

Traces de poncifs encore visibles

Les traces de poncif sont encore visibles !

 

Enfin, sont encore visibles sur les deux fresques des Béatitudes et sur quelques stations du Chemin de croix, les traces du poncif appliqué pour peindre la composition. Rappelons que ces petits pointillés sont issus des grands cartons posés provisoirement à la manière d’un calque sur le mur frais pour retracer les grands contours des figures. Les lignes percées des cartons sont tapotées de poudre de charbon noir et dessinent très légèrement des lignes sur l’enduit frais. Normalement ces repères disparaissent sous la couleur posée, mais le peintre est resté libre de remodeler son œuvre jusqu’au dernier moment et quelquefois elles persistent distinctement amalgamées à l’enduit sec. Et c’est comme si nous étions en train de voir en direct 100 ans après, Maurice Denis et ses élèves au travail !

Axel de Chavagnac

Quelques mots sur la Béatitude n°6 « Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »

Béatitude "Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu" par Maurice Denis avant restauration

Fresque de la Béatitude « Bienheureux les pauvres de cœur, car ils verront Dieu » par Maurice Denis et ses élèves (avant restauration)

Le peintre a choisi le deuxième terme de cette Béatitude (ils verront Dieu) pour la représenter ici telle qu’elle était avant sa restauration.

Peut-être par difficulté à représenter un « cœur pur » ?  Ou parce qu’il considérait le deuxième terme de la phrase comme le plus important ?

Le motif est simple : un ange debout sur son lit de nuages, les bras croisés sur la poitrine, contemple un autre nuage dont partent des rayons lumineux, vraisemblablement d’origine divine.

Dans l’Ancien Testament, les fidèles ne pouvaient ni nommer, ni regarder, le Tout-Puissant. Cet ange ci regarde, et semble voir, ce que le visiteur ne voit pas.

Un peu comme le Saint Antoine de Padoue de Maurice Dhomme,un peu plus loin dans l’église, qui contemple le ciel sans que nous puissions deviner ce qu’il y voit.

Autre exemple du dialogue qui s’est instauré entre les artistes de Saint-Louis de Vincennes.

On remarquera, sur le nuage sur lequel se tient l’ange, les signatures de Maurice Denis (en majuscules) et des deux aides qui l’ont assisté dans la réalisation de ces fresques. Pierre Dubois et Albert Martine (dont les noms sont donnés en minuscules) étaient des élèves de Denis au sein des Ateliers d’Art Sacré que le peintre avait fondés en 1919 avec George Desvallières.

Contrairement à ce que laisse croire une rumeur tenace, les Ateliers d’Art Sacré ne sont pas intervenus en tant que tels dans le décor de Saint-Louis de Vincennes. Aucun des autres artistes de l’église n’en faisait partie, et les élèves de Denis qui ont participé en 1923 aux Béatitudes, et en 1927 à la Glorification de Saint Louis n’y sont venus que comme assistants du maître Denis.

Paul Guillaumat

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Le chevet de l'église après restauration
Le clocher avec ses échafaudages
Fresque d'Henri Marret : la déposition de croix, avant restauration
Fresque d'Henri Marret : la déposition de croix, après restauration

Légendes des photos de la galerie :

- le chevet de l'église après restauration,

- le clocher avec ses échafaudages,

- la station de la déposition de croix, peinture à fresque d'Henri Marret avant restauration,

- la station de la déposition de croix, peinture à fresque d'Henri Marret après restauration

La restauration de Saint-Louis de Vincennes (phases du clos-couvert et phase 1 de restauration intérieure) a été rendue possible grâce aux donateurs particuliers et aux institutions suivantes :

Les partenaires de la restauration

Crédits photographiques : © Axel de Chavagnac pour toutes photos, sauf « Marie Bégué montrant les incuits sur une frise peinte à fresque », « Fresque de déposition du Christ par Henri Marret, après restauration » et « Frise du décor de Saint-Louis de Vincennes » de © Liesbeth Passot, et « Fresque de la Béatitude, Bienheureux les pauvres de cœur, car ils verront Dieu », « Déposition du Christ par Henri Marret avant restauration » de © Clément Guillaume

 

Frise du décor de Saint-Louis de Vincennes
Saint-Louis de Vincennes

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